avec Surabhi Ghosh, Louis Fortier, Barbara Claus
UN ÉVEIL DU NÉANT
Du 17 août au 1 septembre 2024
Invité par HANGAR 7826 à exposer dans ses lieux, Carl Trahan y propose une sélection d'œuvres inédites et de pièces récentes. Il a à son tour invité Surabhi Ghosh, Louis Fortier et Barbara Claus à présenter des œuvres choisies qui établissent des correspondances avec ses préoccupations formelles et conceptuelles.
Dans ce quadrilogue visuel portant notamment sur le temps et ses mouvements circulaires, sur la forme et l'informe, sur le double et le dédoublement, la figure mythologique de Janus apparaît — et réapparaît — tel un témoin dont les regards sont tournés vers l'intérieur.
Marche arrière vers le chaos, retour à la confusion primordiale, au maelström originel ! Élançons-nous vers le tourbillon antérieur à l'apparition des formes et à l'individuation ! Que nos sens palpitent de cet effort, de cette démence, de cette flambée, de ces gouffres ! Que disparaissent en nous les lois du monde, afin que, dans cette confusion et ce déséquilibre, nous accédions pleinement au vertige total ! En-deçà des lois et des êtres, nous pourrons remonter du cosmos au chaos, de la forme au tourbillon. La désintégration suit un processus contraire à l'évolution : une apocalypse renversée, mais jaillissant des mêmes aspirations. Car nul ne désire le retour au chaos qui n'ait pleinement subi les vertiges de l'apocalypse.
Que ma terreur et ma joie sont grandes à la pensée d'être happé par le tumulte du chaos initial, par sa confusion et sa paradoxale géométrie — l'unique géométrie chaotique, sans excellence de forme ni de sens.
Le vertige, cependant, aspire à la forme, de même que le chaos recèle des virtualités cosmiques. J'aimerais vivre au commencement du monde, dans le vortex démoniaque des turbulences primordiales. Que rien de ce qui, en moi, est velléité de forme ne se réalise; que tout vibre d'un frémissement primitif, tel un éveil du néant.
Je ne peux vivre qu'au commencement ou à la fin du monde.
Emil Cioran, Sur les cimes du désespoir, 1934
Invited by HANGAR 7826 to exhibit in its premises, Carl Trahan presents a selection of new and recent works. He in turn invited Surabhi Ghosh, Louis Fortier and Barbara Claus to present selected pieces which establish correspondences with his formal and conceptual interests.
In this visual quadralogue that relates to time and its circular movements, to form and formlessness, to the double and the divided, the mythological figure of Janus appears — and reappears — like a witness whose gaze is turned towards the inside.
Let us return to original chaos! Let us imagine the primordial din, the original vortex! Let us throw ourselves into the whirlwind which has preceded the creation of form. Let our being tremble with effort and madness in the fiery abyss! Let everything be wiped out so that, surrounded by confusion and disequilibrium, we participate fully in the general delirium, retracing our way back from cosmos to chaos, from form to swirling gyres. The dis-integration of the world is creation in reverse: an apocalypse up-side down but sprung from similar impulses. Nobody desires to return to chaos without having first experienced an apocalyptic vertigo.
How great my terror and my joy at the thought of being dragged into the vortex of initial chaos, that pandemonium of paradoxical symmetry — the unique geometry of chaos, devoid of sense or form!
In every whirlwind hides a potential for form, just as in chaos there is a potential cosmos. Let me possess an infinite number of unrealized, potential forms! Let everything vibrate in me with the universal anxiety of the beginning, just awakening from nothingness!
I can only live at the beginning or the end of this world.
Emil Cioran, On the Heights of Despair, 1934
HANGAR 7826 est situé sur la ruelle entre les rues Saint-Gérard et Foucher au sud de la rue Gounod dans le quartier Villeray à Montréal (Métro Jarry).
Depuis 2021, HANGAR 7826 est un atelier d’artiste qui se transforme sporadiquement en galerie d’art actuel. Les expositions ont lieu toute l’année, les activités débordent dans la ruelle et sont ouverts à tou·te·s.
Les artistes et les commissaires tiennent à remercier chaleureusement l’artiste Gilles Tarabiscuité qui les accueille généreusement dans son HANGAR 7826.
Les partenaires du projet reconnaissent que les terres sur lesquelles ils se trouvent font partie d’un territoire ancestral qui a longtemps servi de lieu de vie, de rencontre et d’échange entre les peuples autochtones.
Les artistes seront présents pour accueillir les publics les samedis et dimanches de 14h à 17h pendant toute la période d'exposition. Autrement, l'exposition est visible en tout temps à travers la double porte vitrée du HANGAR 7826.